"La simplicité est la sophistication suprême." Léonard de Vinci
Le développement du langage, chef d'oeuvre de l'évolution humaine, a grandement aidé la transmission d'informations permettant de développer une coopération accrue aujourd'hui indispensable aux organisations. Pourtant nos peurs ou croyances prennent souvent le pas sur la rationalité et il n'est pas toujours facile d'oser dire...
Que ce soit dans les organisations ou dans nos relations personnelles, et alors qu'il s'agit fréquemment d'une démarche très utile, nous avons tous vécus des moments où nous n'avons pas osé dire ce que nous pensons... Souvent par peur de ne pas plaire, de blesser, de perdre la relation, d'être sanctionné par sa hiérarchie... Au bout du compte nous disons rarement notre vérité. C’est épuisant et très pénalisant dans une relation et cela impact grandement les performances des entreprises.
Pourtant une relation établie sur des échanges sincères permet une expression de nos sentiments et nos désirs authentiques, sans les censurer, et où il n'y a ni jeux psychologiques, ni exploitation de l'autre. Nous avons oublié ou n’avons que trop peu expérimenté que la vérité peut être une clef majeure de communication. Pour Will Schutz, docteur en psychologie, elle constitue même « un outil universel pour traiter presque tous les problèmes ».

Dans son ouvrage « L’Elément Humain : Comprendre le lien entre estime de soi, confiance et performance », Will Schutz décrit les liens pouvant exister entre l’estime de soi, la confiance des salariés dans l’entreprise et la productivité de l’entreprise. Sa thèse centrale est que le niveau d’ouverture, d’humanité et de confiance entre les individus conditionne autant la santé mentale et physique des salariés, que le niveau de productivité de l’entreprise.
Estime de soi et niveaux de vérité et d'ouverture
L’estime de soi est déterminée en grande partie par l’écart qui existe entre une identité que je me représente « la personne que je suis » et une identité désirée « la personne que je souhaite être ». A la base de l’estime de soi, il y a l’appréciation de sa propre valeur et la reconnaissance lucide (avec les qualités et défauts) que nous sommes comme quelqu’un d’important, de capable et d’aimable.
Dans la relation, une faible estime de soi conduit au développement de mécanismes de défense, alors qu'une bonne estime de soi permet de s’exprimer de façon ouverte.
Pour développer l’estime de soi, un travail de conscience de soi est une base plus que recommandée.
Ainsi Will Schutz valorise l’ouverture à soi-même et aux autres ainsi que la vérité et l’honnêteté dans les échanges « Lorsque les individus gagnent en lucidité personnelle et en estime d’eux mêmes, ils s’ouvrent d’avantage aux autres et deviennent plus honnêtes avec autrui. Ils réorientent l’énergie qu’ils utilisaient auparavant pour se défendre et, pour dissimuler ou pour gérer des conflits interpersonnels vers un travail plus productif » .
Etre honnête dans sa manière de communiquer dépend donc du degré de conscience de soi-même et il distingue sept niveaux de vérité ou d'ouverture.
Niveau | Stade | Situation - Exemple |
-1 | Inconscient | Je n'ai pas conscience de mon expérience. |
0 | Rétention | J'ai conscience, mais je ne dis rien. |
1 | Jugement | "Tu ne m'écoutes jamais !" |
2 | Ressenti | "Je suis agacé, déçu..." |
3 | Rationalisation | "Parce que tu ne reconnais pas mon travail." |
4 | Partage des interprétations | "J'imagine que tu penses que je suis incompétent." |
5 | Perception des peurs | "J'ai peur d'être incompétent." |
C'est principalement ce qu'on choisit de ne pas voir et de ne pas traiter qui génère nos comportements défensifs (déni, projection, déplacement, identification, compensation, masochisme) qui eux-mêmes produisent les conflits.
Les niveaux d'ouverture est un outil qui permet d'améliorer la communication lors de discussions difficiles. Dans ces moments là, les personnes sont souvent sur la défensive, ce qui mène à des distorsions de perceptions et un comportement d'obstruction. Il aide à passer des commentaires de surface, ou des accusations envers les autres, à des déclarations plus directes et à être plus responsable de nos propres expériences. Cet exercice nécessite par ailleurs un niveau d'écoute active en retour.
Quand je me livre, je me délivre
Enfin, Will Schutz nous propose un autre outil/process aussi simple que puissant, "la première vérité en premier" pour nous exprimer sans s'insécuriser. Comme indiqué précédemment, les personnes anticipent que si elles parlent de leurs vérités directement, elles susciteront chez l'autre colère ou blessure. En utilisant sa "première vérité en premier", nous pouvons traiter ce problème.
Comment le dire ?
Dire en premier ma peur de dire : "Je souhaite te dire quelque chose, et j'ai peur que tu te sentes blessé".
Intention : Mon intention est... (mon but en m'exprimant)
Accord : Vérifier que l'échange est acceptable, notamment au moment de vouloir s'exprimer. "Es tu d'accord pour en parler ? Maintenant ?"
Ma vérité : Mon point de vue sur le problème (le film que je me raconte est...).
Dans la réflexion à mener si vous hésitez à vous exprimer, au-delà des idées de bien faire ou de mal faire, vous pouvez axer votre raisonnement sur "est-ce utile (pour faire avancer la relation, un projet...) ou inutile (attention à ne pas se trouver des excuses pour favoriser l'évitement) ?"
Vous imaginez une organisation où l'on arriverait à ces niveaux d'ouverture ? Bien évidemment, ces comportements son facilités par l'ensemble des salariés s'ils sont en premier lieu modélisés par le top management.
Il est donc préférable que ce dernier soit capable de poser un regard lucide sur sa réalité, dans l’ici et maintenant, pour créer un espace de confiance et de développement, incluant une démarche de vérité et de responsabilité des différentes parties prenantes. En effet, chacun reste responsable de ses comportements.
Références :
L’Elément Humain : Comprendre le lien entre estime de soi, confiance et performance, Will Schutz et Formation Pierre angulaire
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